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Retour au guide S3NS : Souveraineté, Sécurité et Innovation pour le Cloud de Confiance
Au cœur de la stratégie de S3NS, un objectif domine tous les autres et conditionne sa légitimité sur le marché du cloud de confiance : l'obtention de la qualification SecNumCloud 3.2. Délivré par l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information (ANSSI), ce label n'est pas une simple certification de sécurité parmi d'autres. Il représente le plus haut standard de fiabilité en France, un véritable sésame indispensable pour héberger les données les plus critiques de la nation.
Qu'est-ce que le label SecNumCloud et pourquoi est-il crucial ?
Créé en 2016, le label SecNumCloud vise à garantir qu'un prestataire de services cloud a mis en œuvre un ensemble de mesures techniques, opérationnelles et juridiques pour offrir un très haut niveau de sécurité et de confidentialité des données. Il s'agit d'une garantie de confiance, auditée et validée par l'État, pour les entreprises et les administrations manipulant des données sensibles.
Obligation réglementaire : L'obtention du Visa de sécurité ANSSI associé à ce label est une condition requise par la doctrine "Cloud au Centre" de l'État français pour l'hébergement de données stratégiques. Pour les Opérateurs d'Importance Vitale (OIV), les Opérateurs de Services Essentiels (OSE) et les administrations publiques, le recours à une solution qualifiée SecNumCloud devient donc une quasi-obligation légale et réglementaire.
La version 3.2 du référentiel, visée par S3NS, est particulièrement significative. Elle a été spécifiquement durcie pour intégrer des critères de protection contre l'application de lois non-européennes. Cette exigence d'immunité aux lois extraterritoriales, comme le CLOUD Act américain, est précisément ce qui rend la qualification si difficile à obtenir pour des offres basées sur des technologies américaines, et c'est pourquoi elle est au cœur de la proposition de valeur de S3NS.
Le processus de qualification : un parcours exigeant
Le chemin vers la qualification est un processus long et rigoureux, jalonné d'étapes formelles, appelées "jalons", qui valident la maturité progressive de la solution.
C'est la première étape officielle. Le prestataire soumet un dossier de candidature détaillé à l'ANSSI, qui en vérifie l'éligibilité et le sérieux. S3NS a franchi cette étape symbolique, confirmant que sa candidature a été acceptée et que son modèle est jugé digne d'être évalué.
Une fois le J0 obtenu, le prestataire, en collaboration avec un Centre d'Évaluation de la Sécurité des Technologies de l'Information (CESTI) agréé par l'ANSSI, définit la stratégie d'audit précise et adaptée aux services proposés.
C'est la phase la plus intensive du processus. Elle comprend des audits sur site, des tests de pénétration (pentests), et une évaluation approfondie de la conformité de l'infrastructure, des procédures et de la documentation aux 276 exigences du référentiel.
Sur la base du rapport d'évaluation fourni par le CESTI, l'ANSSI prend la décision finale de délivrer ou non la qualification. Si elle est accordée, elle est valable pour une durée de trois ans, renouvelable après un nouvel audit.
Calendrier et enjeux pour 2025
🎯 Objectif 2025
S3NS a maintenu un calendrier ambitieux mais constant depuis le début du projet.
L'analyste du cabinet Forrester, Stéphane Vanrechem, a même précisé cette cible à septembre 2025.
Cette échéance est l'événement le plus critique de l'année 2025 pour S3NS, car elle conditionne le déploiement à grande échelle de son offre "Cloud de Confiance" et sa capacité à répondre aux appels d'offres des marchés publics et des OIV.
Un débat politique sur la définition de la souveraineté
Enjeu Géopolitique Majeur
La démarche de S3NS, tout comme celle de son concurrent Bleu (basé sur Microsoft Azure), a ravivé un débat intense en France et en Europe. Des acteurs historiques du cloud européen, comme OVHcloud, soutiennent que l'utilisation de technologies américaines sous-jacentes, même opérées par une entité française, ne peut garantir une immunité totale au CLOUD Act.
Ils avancent que le contrôle légal des États-Unis sur ses entreprises technologiques pourrait, dans des scénarios de crise, outrepasser les protections contractuelles et techniques mises en place.
La décision finale de l'ANSSI sur la qualification de S3NS sera donc bien plus qu'une simple évaluation technique. Elle constituera un arbitrage géopolitique majeur.
Si l'ANSSI accorde sa qualification
Elle validera un modèle de "souveraineté par le contrôle". Cela signifierait que la souveraineté ne dépend pas de l'origine de la technologie, mais de la localisation et de la nature du contrôle qui l'encadre.
Impact : Victoire pour le pragmatisme, permettant aux organisations françaises de bénéficier de l'innovation américaine dans un cadre de confiance validé par l'État.
Un refus signifierait
Un signal de défiance, affirmant que le risque lié aux lois extraterritoriales est rédhibitoire et que seule une pile technologique entièrement européenne peut être considérée comme véritablement souveraine.
Impact : Remise en cause du modèle S3NS et orientation vers des solutions 100% européennes.
La décision de 2025 sera donc un événement politique autant que technique, qui façonnera le paysage du cloud français pour les années à venir et déterminera si le modèle de "souveraineté par le contrôle" peut coexister avec les approches de souveraineté technologique pure.